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Le trafic de chiens : il est temps d’ouvrir les yeux !

Elevages

Cet article sur le trafic de chiens est poignant; âmes sensibles.. s’abstenir.

« La journée commençait par l’arrivée de voitures de type Break, dans lesquelles il y avait des cages à poules où les chiots étaient entassés. Il fallait alors trier les chiens morts et les vivants. ».

Le trafic de chiens : compte rendu d’un témoignage poignant et révoltant 

Nous sommes en 1995., l’éleveuse, qui a préféré rester sous couvert d’anonymat et que nous appellerons donc Marie, est alors âgée de 15 ans seulement et a toujours été passionnée par les animaux. Aujourd’hui, elle débute son premier jour de travail en tant qu’aide chez un éleveur commerçant de chiens.

Marie, naïve et exaltée, pense avoir trouvé un job de rêve. Mais celui-ci va très vite virer au cauchemar et à son plus grand regret. En effet, dès le premier jour, Marie se retrouve confrontée, à son insu, à un véritable réseau de trafic de chiens. Ceux-ci arrivent d’élevages des pays d’Europe de l’Est et avec eux, toutes les horreurs de ce commerce clandestin et ignoble que l’on connaît à l’heure actuelle.

Au détour d’une de ses missions, Emilie, comportementaliste chez TIPAW, a fait la rencontre à la fois inattendue et émouvante de cette jeune fille. Aujourd’hui trentenaire, elle exerçe une activité d’éleveuse-amoureuse des chiens. Celle-ci a accepté de nous livrer son témoignage douloureux.

C’est dans le souci de retranscrire fidèlement les propos de cette personne que nous avons décidé de réécrire, dans son intégralité, l’interview réalisée. Âmes sensibles, s’abstenir !

TIPAW : Comment se déroulait une journée de travail type ?

La journée commençait par l’arrivée de voitures de type Break dans lesquelles il y avait des cages à poules où les chiots étaient entassés. Il fallait alors trier les morts et les vivants. Les vivants étaient mis en cage dans « la pièce du fond ». Ces cages avaient un fond grillagé de façon à ce que les chiots ne baignent pas dans leur sang. Les chiots restaient là le temps que le dernier « tri naturel » se fasse. Les plus faibles mourraient lors de cette semaine de test. Les morts allaient dans le congélateur et étaient remplacés lors du voyage suivant.

Les vaccins étaient-ils faits ?

Une fois que le tri entre les vivants, les morts et les survivants était fait, les vaccins étaient administrés par le propriétaire du magasin. Ensuite, un « vétérinaire » venait mettre son cachet dans les carnets (ndlr : carnets de santé).

Comment cet éleveur choisissait-il les chiens ? Est-ce qu’il s’en souciait

Son choix était basé uniquement sur le gain d’argent. Un chiot lui coûtait 500 francs à l’époque (ndlr : 12,50€) et était revendu minimum 6.000 francs (ndlr : 150€). La traite des animaux ne le tracassait pas du tout.

Y avait-il des réclamations ? Si oui, sur quoi portaient-elles

Les réclamations étaient très fréquentes. Il ne se passait pas une semaine sans avoir des réclamations sur la mort ou sur une maladie d’un chiot chez l’adoptant. Dans ces cas-là, il (ndlr : l’éleveur) remplaçait le chiot comme on remplace une paire de chaussures mais JAMAIS il ne remboursait un franc.

Les réclamations les plus fréquentes concernaient le physique des chiens adoptés. Par exemple, un Berger Allemand ressemblait souvent davantage à un Labrador. Bref, c’était un véritable scandale !

Qu’est-ce qui vous a le plus choquée lors de votre expérience chez cet éleveur commerçant ?

Ce qui m’a le plus choquée, c’est le taux de mortalité des chiots, leur souffrance, le fait que les chiens n’étaient que de la marchandise. Ils étaient d’ailleurs manipulés comme des sacs à patates…

 

Usines à chiots : agissons ensemble !

En 2016, le trafic d’animaux faisait partie du top 3 des commerces mondiaux illicites. En effet, avec un marché d’environ 15 milliards d’euros, il se plaçait en effet en troisième position, juste derrière le trafic de drogues et le négoce d’armes.

Qu’en est-il pour la Belgique ?

Notre pays est considéré comme une des plaques tournantes du trafic de chiens. Et malgré un arsenal législatif visant à contrer ce phénomène, trop de particuliers achètent encore leur toutou chez des commerçants peu scrupuleux. Ces derniers importent des chiots dits « de race », provenant d’élevages douteux d’Europe de l’Est. Sans aucun scrupule, ils les achètent « au kilo » comme de la vulgaire marchandise ! De ce fait, ces chiots sont arrachés trop tôt à leur mère et qui plus est, ils sont détenus dans des conditions ignobles. Par conséquent, ces boules de poils, certes mignonnes, peuvent présenter des risques accrus de maladies et souffrir de troubles du comportement majeurs (ex.: peur maladive de l’environnement ou agressivité).

Le positionnement de Tipaw

Secoué et indigné par ce récit, TIPAW, dont la mission principale est d’œuvrer pour le bien-être animal, s’engage avec d’autant plus d’ardeur à vous proposer des éleveurs responsables et soucieux de la qualité de vie des chiens, qui exercent ce métier avec respect, amour et passion de l’animal. En outre, dans un souci de conscientisation des (futurs) propriétaires de chiens, TIPAW vous recommande d’éviter les animaleries et autres « supermarchés de chiens » (y compris en ligne) proposant à la vente exclusivement des chiots en bas âge, d’une multitude de races différentes et à des prix « avantageux ».

En cas de doute, n’hésitez pas à vérifier que le commerçant en question dispose d’un agrément officiel ainsi que d’un contrat valable avec un vétérinaire reconnu. Demandez à voir la mère et testez également le chiot : si celui-ci est apathique, inhabituellement réservé ou totalement indifférent, passez votre chemin ; il est en effet plus que probable que cette boule de poils soit malade, souffre d’un manque de sociabilité ou présente un désordre du comportement.

Que faire si vous suspectez un trafic de chiens ?

Si vous suspectez un éleveur ou un commerçant de s’adonner à la traite de chiens, si vous constatez que des animaux sont détenus dans des conditions qui ne respectent pas leur bien-être, ou encore si vous êtes victime d’un vendeur frauduleux, n’hésitez pas à déposer une plainte auprès du Service Bien-être animal de votre région ou auprès de la police locale. Vous pouvez également envoyer une copie de votre dossier à GAIA (association belge de défense des animaux).

Si vous souhaitez aller plus loin…

Toutes les lois et règlementations en vigueur sur le bien-être animal et l’élevage de chiens ainsi que les listes des éleveurs, commerces et établissements agréés se trouvent sur le portail régional concerné :

  • Bruxelles : http://www.environnement.brussels/thematiques/bien-etre-animal-0
  • Wallonie : http://www.wallonie.be/fr/bienetreanimal
  • Flandre : https://www.lne.be/dierenwelzijn
  • Je suis un soldat, film franco-belge de Laurent Larivière dont l’héroïne principale évolue dans le monde cruel et âpre du trafic de chiens.
  • Chiens, chats : un trafic en or, ouvrage de Nathalie Truche, journaliste d’investigation, qui traite de la disparition des animaux domestiques en France (éditions Grimal).

 

Sources

- RTL-TVI, Magazine Reporters, Le scandale du trafic de chiens, émission du 14/04/16

- RTL INFO, Des chiots dans un état lamentable dans des animaleries belges et françaises: d’où vient ce trafic ?, http://www.rtl.be/info/magazine/animaux/des-chiots-dans-un-etat-lamentable-dans-des-animalerie-belges-et-francaises-d-ou-vient-ce-trafic–909170.aspx, 14/04/17, (consulté le 25/05/17)

- Cinevox, Je suis un soldat : un film qui a du chien, http://www.cinevox.be/fr/je-suis-un-soldat-un-film-qui-a-du-chien/, 20/05/15 (consulté le 25/05/17

- RTBF, Le jardin extraordinaire, Trafic de chiens en Belgique : osez porter plainte !, https://www.rtbf.be/tv/emission/detail_le-jardin-extraordinaire/actualites/article_trafic-de-chiens-en-belgique-osez-porter-plainte?id=9180682&emissionId=30, 08/01/16 (consulté le 28/05/17)

- RTL INFO, La polémique des chiots importés d’Europe de l’est: faut-il interdire les « supermarchés de chiens » en Belgique ?, http://www.rtl.be/info/vous/temoignages/chiens-importes-d-europe-de-l-est-830239.aspx, 06/07/16 (consulté le 28/05/17)

- Moustique, NOTTET (H.), Chiens de race : attention trafic méchant, http://www.moustique.be/14742/chiens-de-race-attention-trafic-mechant, 08/12/15 (consulté le 28/05/17)

- GAIA, Commerce de chiens, http://www.gaia.be/fr/actualite/commerce-chiens, 17/08/14 (consulté le 29/05/17)

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