Tout juste arrivée sur le parking du CECS, un club canin situé à Mont-Saint-Guibert, nous retrouvons Leslie qui profite d’un peu de temps avant l'entraînement pour faire se dégourdir les pattes à ses chiens. La jeune femme de 25 ans est une passionnée d’animaux et elle ne tarde d’ailleurs pas à nous présenter Taïka et Tcheuck.
Commençons par les dames: Taïka est une femelle de deux ans et demi croisée Beauceron, Berger Malinois et Labrador. Leslie l’a adoptée à l’âge de deux mois. C’est avec Taïka que Leslie a commencé à pratiquer l’agility.
Tcheuck, quant à lui, est un Jack Russel issu du refuge Sans Collier. Accueilli chez Leslie à l’âge de deux ans, cela fait maintenant dix ans que ce petit bonhomme partage la vie de famille. Voyant que Tcheuk lui aussi semblait avoir envie de s’essayer aux exercices, elle s’est mise à l’entraîner à son tour. Il réalise donc encore avec beaucoup de douceur quelques sauts et slaloms. Et malgré son âge, et quelques symptômes d’arthrose, il ne manque jamais d’assister aux séances pour supporter sa copine Taïka !
Voici un petit résumé du parcours d’agility de Taïka. Pendant un an, cette dernière ne voulait pas passer au-dessus des barres. Soutenue par son entourage, Leslie a persévéré et finalement, notre championne s’est mise à franchir les obstacles avec de plus en plus de confiance et de facilité. Dernièrement, Taïka montrait une nouvelle appréhension pour passer un exercice de bascule semblant l’effrayer. D’après sa maîtresse, cela venait moins du bruit que de la sensation de basculement. Mais avec de la patience et de la détermination, Leslie est parvenue à la rassurer et Taïka se lance avec nettement plus d’assurance qu’auparavant sur cette bascule. En séance d’entraînement du moins car elle reste malgré tout moins sûre d’elle face à cet obstacle lors des compétitions.
Après avoir observé l’installation du matériel sur le terrain, et pendant que les chiens et leurs maîtres patientaient à l’abri d’une pluie battante, nous en avons profité pour interroger Leslie...
Leslie a débuté l’agility lorsque Taïka avait quatre mois. Elle a découvert cette discipline grâce à un jeu vidéo auquel elle jouait plus jeune : Nintendogs. Lorsque Taïka est arrivée à la maison, c’était une évidence pour elle : il fallait absolument qu’elle fasse de l’agility avec sa jeune chienne ! Avec sa famille, ils se sont renseignés auprès du CECS et c’est comme cela que tout a commencé.
Durant l’année scolaire, Leslie pratique l’agility avec ses chiens à raison d’une fois par semaine. Pendant les vacances, elle s’entraîne alors deux fois par semaine. Elle participe également à des concours (le club impose la participation à un minimum de cinq concours par an). Sans oublier le travail à domicile ! En effet, en vraie passionnée, elle consacre du temps à entraîner Taïka, mais aussi Tcheuk parfois, chez elle. Pour cela, elle a d’ailleurs acheté du matériel d’agility pour chiens afin de pouvoir s’exercer dans son jardin. Ces entraînements à domicile sont d’ailleurs vivement conseillés afin de garder le rythme du groupe. Si les participants ne s’entraînent pas en dehors des séances d’entraînement, certains seront peut-être à la traîne par rapport au reste du groupe et ce n’est pas très agréable.
Tout d’abord, les chiens sont répartis en différents groupes en fonction de leur âge et de leur niveau. On distingue cinq catégories : les chiots (jusqu’à neuf mois), l’initiation, les débutants, les participants aux concours et les vétérans.
Lors d’une séance d’entraînement, chaque duo réalise 3 ou 4 parcours d’agility différents. La première étape consiste à installer les obstacles (à différentes hauteurs selon les chiens). Ensuite, il faut mémoriser le parcours en le suivant sans le chien. Et puis, c’est parti pour un tour de piste ! Les maîtres peuvent choisir leur ordre de passage. Et si un chien ne se montre pas assez attentif lors de son premier passage, il peut le repasser un peu plus tard avant l’installation du parcours suivant. Rien ne sert de braquer l’animal !
Ces parcours comprennent différents obstacles : la bascule, la chapelle et la passerelle, ou encore le saut, le tunnel, le slalom, etc. Les trois premiers permettent notamment d’exercer ce que l’on appelle le touch: les parties basses de ce matériel sont colorées en rouge et, dans sa course, le chien doit impérativement poser au-moins ses pattes avant sur ces parties et ne pas directement sauter pour passer plus vite à l’exercice suivant. À la vitesse où ces athlètes sont lancés et avec toute la fougue qu’ils y mettent, on peut vous assurer que ce n’est pas toujours évident ! Différentes méthodes sont alors utilisées pour inciter l’animal à aller jusqu’au bout. Par exemple, en disposant un bonbon sur un socle en bas de la passerelle. Mais tous ne sont pas aussi gourmands les uns que les autres et il faut parfois ruser avec une autre récompense, ou indiquer au chien par un geste, un mot ou une intonation la voie à suivre.
Il n’existe d’ailleurs pas une seule méthode d’apprentissage à l’agility. Outre les mouvements (répertoire bien précis comme “l’avion” ou “la française”), les pratiquants peuvent recourir à la voix ou au contraire, au silence. Il faut s’adapter en fonction des habitudes du chien.
Un test d’obéissance doit être réalisé avant de pouvoir passer le TAP (“Toelating tot Agility Proef” ou “Test d’aptitude à l’agility”), qui concerne les chiots d’un an et demi environ, ceux qui sont dans le groupe d’initiation et des débutants. Une fois que l’on a pratiqué l’obéissance avec son chien, on peut encore perfectionner cette éducation par de l’obé-rythmé, qui consiste à faire réaliser des comportements un peu plus sophistiqués à son chien et tout ça en musique !
Vient alors le moment de s’essayer aux concours. L’objectif est d’obtenir ce qui s’appelle des « signatures ». Pour obtenir ce sésame, il faut réaliser un parcours d’agility non seulement en ne dépassant pas les trois fautes tolérées mais en respectant également un temps imparti.
Il n’y a pas de races prédisposées pour l’agility. Il faut avant tout que le chien montre qu’il en a envie, qu’il aime ça. C’est aussi une question de complicité entre le chien et son maître. L’éducation du chien est importante car ce dernier doit être attentif et réactif aux demandes de son maîtres. Peu importe un mâle ou une femelle. En revanche, ce n’est pas l’activité idéale pour les chiens facilement distraits.
Du côté du maître, il faut surtout être capable de courir. Si les efforts sont réalisés sur de courtes distances, ils n’en sont pas moins intenses pour autant ! Il faut pouvoir suivre le rythme du chien parfois lancé à pleine vitesse sur une ligne droite par exemple. En même temps que la course, il faut pouvoir se concentrer sur chaque obstacle et anticiper les suivants tout en réalisant les bons enchaînements de mouvements pour guider le chien. Il faut donc être à la fois sportif, attentif et réactif, tout comme le chien en fait.
L’agility permet de travailler le contact et la complicité avec le maître. C’est aussi très physique donc épuisant pour l’animal. Si votre chien est un infatigable, cela peut l’aider à dépenser son trop plein d’énergie et à se calmer. Mais l’agility peut aussi permettre de rendre un chien plus sociable. Ce fut le cas de Tcheuk, qui n’était pas vraiment aimable avec ses congénères à une époque. En passant le plus de temps possible avec lui et en l’amenant à toutes les séances d’agility (même s’il ne pratiquait pas toujours dans son cas), cela lui a permis d’entrer en contact avec d’autres chiens. Il est devenu petit à petit nettement plus sympa avec eux !
Saviez-vous que les promenades permettent aussi de socialiser votre chien ? Vous trouverez plus d'informations à ce propos sur le blog de Tipaw : https://tipaw.com/be/fr/articles/une-bonne-promenade-avec-votre-chien
Pour le maître, en plus de renforcer sa relation avec son chien, l’agility est une activité qui stimule tant le physique que le mental. C’est aussi l’occasion de faire de chouettes rencontres. Il y a généralement une bonne ambiance au sein des groupes et surtout beaucoup d’entraide, ce qui permet parfois de créer des liens d’amitié solides.
L’agility est vraiment devenue une passion pour Leslie. Ce qu’elle apprécie le plus dans cette discipline, c’est la complicité qu’elle peut avoir avec Taïka. Une complicité qui transparaît clairement dans la satisfaction tant du maître que de son chien à la fin du parcours. Et c’est un réel plaisir pour elle de voir son chien heureux après avoir franchi tous les obstacles et de savoir qu’elle l’y a aidé.
L’agility peut faire l’objet d’une implication énorme de la part du maître. C’est beaucoup de travail et certains sont de vrais perfectionnistes. Du coup, ils peuvent parfois être déçus quand leur chien ne fait pas une bonne session.
Alors que l’obéissance traîne cette image un peu autoritaire, l’agility se base essentiellement sur le jeu, l’apprentissage, le renforcement positif et la complicité. C’est un chouette moment de détente partagé entre le chien et son maître.
L’agility, c’est avant tout une histoire de confiance et de complicité entre le chien et son maître. Celui-ci accompagne (et au pas de course svp !) son chien, le guide tant dans la direction à prendre que dans l’impulsion d’un saut, l’énergie à mettre dans un exercice, etc. Et c’est incroyable de voir à quel point les chiens qui pratiquent cette discipline sont attentifs au moindre geste voire même au moindre coup d’œil de leur coach humain à leur attention. Déjà en attendant l’installation du parcours, ils aboient, ils attendent et c’est comme s’ils réclamaient un signe, le regard suspendu et le corps tendu, prêts à passer à l’action. Cette attitude dans l’attente est une preuve du plaisir qu’ils prennent à réaliser ces parcours d’agility. En témoigne également leur comportement après la course ; ils courent fièrement dans les jambes de leur maître ou continuent à courir sur le terrain. Alors, on recommence ?! semblent-ils vouloir dire.
Taïka a réussi récemment son TAP. Grâce à cela, Leslie a vu ses efforts récompensés. Elle sait que sa chienne est maintenant apte à passer les concours qu’elle souhaite. Pour Leslie, c’est la preuve que Taïka est déjà une bonne pratiquante de l’agility. C’est la raison pour laquelle elle a décidé de ne pas se mettre de pression sur les épaules pour gagner des concours. Si elle y participe, c’est avant tout pour leur plaisir à toutes les deux. Avec Taïka, elles profitent simplement de leur passion.
Au final, on se rend compte au travers de cette expérience que rien n’est jamais gagné avec l’animal ! Et c’est probablement ce qu’il y a de plus passionnant dans le fait de “travailler” avec eux. On établit une relation de vivant à vivant, qui ne peut se vivre que dans l’instant présent. On s’apprivoise, on communique et on décrypte nos comportements mutuels au moyen de nos propres codes de langages (physique et sonore). Dans une époque où tout va très vite et où tout semble trouver une explication rationnelle et facilement accessible, la relation que nous entretenons avec nos chiens, et plus encore si l’on pratique une activité telle que l’agility avec eux, nous oblige sans cesse à nous remettre en question. Et puis chacun a ses jours avec et ses jours sans, chacun apprend et évolue à son rythme, progresse ou au contraire se trouve confronté à de nouvelles craintes et de nouveaux défis sont à relever ensemble !
Tipaw tient à remercier Leslie et le CECS pour leur accueil et pour avoir accepté de partager avec nos lecteurs un petit peu de l’univers de l’agility.